H. Intégration et respect des différences ou singularités

 

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« La diversité est constitutive de la nature de l’homme et la reconnaissance de sa propre diversité est une des conditions pour pouvoir reconnaître la diversité de l’Autre. »

Martine A. Pretceille (2017)

 

Introduction et buts

L’école est à l’image de notre société, de plus en plus diversifiée.

Que ce soit en termes de nationalité, de langue, de religion, d’éducation, de niveau socio-économique, de genre ou de sexualité, la diversité est la norme.

Cette réalité implique un besoin croissant de dialogues, de partages et d’échanges afin de faire cohabiter ces différences dans un intérêt commun : mieux vivre ensemble à l’école.

Il s’agit d’un enjeu citoyen. Un des apprentissages essentiels fait à l’école est celui de la diversité. En effet, hors de la famille, l’enfant puis le jeune vont être confrontés à des identités, des références et des mondes profondément différents. Au cœur de ces apprentissages se jouent les rapports de genre/sexe, de territoire, de pouvoir et d’identité.

L’école s’ouvre à tous les enfants quels que soient leurs profils et leurs différences.

Ouvrir l’école à tous est une démarche d’intégration. L’intégration recèle une réalité contradictoire : la bienveillance et l’ouverture, versus l’hostilité et le rejet. En effet, l’intégration suppose une modification des limites de l’espace à partager pour la construction d’un espace commun. Ainsi, il n’est pas rare qu’elle génère un sentiment d’invasion.

L’intégration est riche en apports et en difficultés, en ajustements et en compromis ; elle est au cœur des enjeux de citoyenneté.

Il importe de noter combien le rapport à la norme est ici essentiel : est-il considéré comme une déficience ou comme une richesse ?

La démarche d’« ouvrir » l’école à tous doit permettre de garder la visée d’égalité des chances au cœur du système éducatif et en ce sens, de promouvoir la mise en place de dispositifs différenciés.

 

Déroulement pratique

Le travail de réflexion et de prise en compte de la diversité et du respect des singularités s’effectue de façon continue, à chaque occasion de la vie de l’école et en fonction des besoins.

Ce travail repose notamment sur une information mutuelle, une meilleure connaissance de chacun concernant les différences et les ressemblances et sur des échanges permettant de construire un sens commun.

Cela nécessite parfois de modifier ses propres représentations et d’être prêt à se remettre en question et à faire une véritable place à l’autre.

Ce travail porte notamment sur la visibilité des rapports de pouvoir conduisant aux différentes discriminations liées à la classe sociale, à la nationalité, à la religion, à l’éducation, au sexe, au genre, à l’orientation sexuelle. Il s’agit également de mettre en évidence les stéréotypes et de contribuer à leur déconstruction.

De même, la classe, voire l’école, doivent travailler sur leur mode de fonctionnement et leur environnement physique, et les adapter.

De manière générale, il est utile de mener des actions proactives à l’encontre des discriminations au sein de l’école. Il s’agit de considérer toute expression discriminatoire non comme un problème mais comme une occasion de questionner les modalités du vivre ensemble.

Diverses démarches peuvent contribuer encore au respect des différences, notamment :

  • sensibiliser sous forme de formations continues les adultes encadrants aux thématiques d’intégration;
  • faire du « vivre ensemble dans le respect des singularités » une thématique à travailler dans des instances dédiées (p. ex. groupe santé, groupe mieux-vivre, commission santé, commission égalité) ;
  • organiser des moments de convivialité et de transversalité au sein de l’école (p. ex. voyages scolaires, camps, journées sportives, décloisonnées, fêtes d’école).

 

Facteurs clés de succès

Les éléments ci-après peuvent favoriser la réussite du travail d’intégration :

  • Instaurer un cadre sécurisant explicite (charte, règlement, mémo, etc.) et s’y référer ;
  • associer l’ensemble des acteurs (élèves, enseignants, équipe médico-psycho-sociale, personnel administratif) à l’élaboration des documents de référence (charte, règlement, mémo, etc.) ;
  • favoriser la parole et l’écoute de chacun en tenant compte des particularités propres à la composition de tout groupe ;
  • définir clairement une position institutionnelle contre les discriminations ;
  • associer les familles à la vie de l’école et, en cas de problème, à l’élaboration de solutions ;
  • s’intégrer, en tant qu’institution scolaire, dans le tissu socio-culturel du quartier et coopérer avec les associations actives dans le domaine.

 

Risques et difficultés

On mentionnera entre autres :

  • le manque de leadership et de vision à long terme ;
  • des ressources humaines et matérielles insuffisantes ;
  • des effectifs trop nombreux rendant difficile l’appréhension de la diversité et le respect des singularités et des situations spécifiques ;
  • le fait que l’intégralité peut se confronter à deux tendances, dans lesquelles il est facile de glisser ou dériver :
  • l’insertion : faire une place à un élève dans une classe, en demandant à chacun de respecter sa différence, mais sans travailler sur ce que cela implique pour lui et pour le groupe ;
  • l’assimilation : demander à l’élève de s’adapter au milieu, sans que ce milieu se modifie.

 

En résumé

L’acceptation et le respect des différences ou des singularités peuvent être facilités par un travail permettant à chacun de trouver sa place dans le groupe, dans un cadre respectueux et sécurisant. Il implique une adaptation réciproque entre les individus et le milieu scolaire dans lequel ils doivent être intégrés. Stimuler les espaces de communication est un bon moyen de problématiser les « différences » pour mieux les connaître, les comprendre et les accepter.

Evitant les écueils de l’insertion et de l’assimilation, l’hospitalité rend possible un accueil dans lequel chacun pourra exprimer ses particularités au bénéfice d’un intérêt commun.

 

Exemples d’activités en lien avec l’intégration et le respect des différences

Les petites et grandes particularités de chacun au quotidien : âge, taille, particularités physiques, cognitives, sociales, culturelles, etc.

La déconstruction des stéréotypes.

Les outils, tels que :

  • fiches et ressources pédagogiques « balayons les clichés » ;
  • mosaïque lecture, sélection de livres pour enfants sur le thème de la diversité ;
  • fiches pédagogiques « racisme et discriminations » du Centre d’information et documentation pour les jeunes, 2006, www.cidj.be ;
  • kit pédagogique « tous différents – tous égaux », Direction de la Jeunesse et du Sport, Conseil de l’Europe, 2e édition.

 

Références

Fiches et ressources pédagogiques Balayons les clichés : https://egalite.ch.

Fiches pédagogiques Racisme et discriminations du Centre d’information et documentation pour les jeunes (2006) : http://www.cidj.be/racismes-et-discriminations.

Institut suisse Jeunesse et Médias : Mosaïque lecture. https://www.isjm.ch/arole/projets-arole/mosaque-lecture.