I. Collaboration avec les familles et la communauté locale

 

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 « L’école d’aujourd’hui doit travailler en équipe avec la communauté qu’elle dessert. A cet effet, elle doit davantage communiquer avec les membres de la communauté en question en faisant connaître, par exemple, les valeurs sur lesquelles elle s’appuie et en faisant preuve de compréhension des besoins particuliers du milieu. »

Jean Archambault & Roch Chouinard (2009)

 

Introduction et buts

Un dialogue et une relation de confiance entre l’école et la famille sont des constructions permanentes, nécessaires à la bonne marche de la vie scolaire.

Les relations que partage l’école avec les familles et la communauté ont une influence sur le climat scolaire et relationnel, dans la classe et à l’école, ainsi que sur les apprentissages des élèves.

Les activités communes de l’école avec les familles et la communauté offrent des occasions de mieux se connaître. Ce sont les bases pour créer un climat de confiance permettant de progresser ensemble dans la coresponsabilité éducative et sociale, partagée par les parents et l’école.

Développer la collaboration avec les familles et la communauté implique plusieurs aspects, notamment :

  • des espaces et modalités définis de communication et rencontre ;
  • la clarification des rôles et relations ;
  • les processus de prises de décision, concertation, participation ;
  • les compétences relationnelles (requises pour une bonne communication) ;
  • les dispositions réglementaires, légales, voire financières peuvent influencer certains aspects de la collaboration.

 

Déroulement pratique

La communication et la collaboration de l’école avec les familles peuvent prendre diverses formes :

  • Les circulaires permettent d’informer les parents d’événements particuliers.
  • Le carnet scolaire (ou carnet de communication ou de liaison) permet l’échange d’informations ayant trait à la vie quotidienne : remarques, annonces occasionnelles, avis d’absences ou de sanctions, etc. Une place est généralement prévue pour les enseignants et pour les parents, quelquefois pour les jeunes. Réserver à l’élève un espace dans ce carnet lui permet de participer activement aux échanges, au lieu de n’être que le vecteur d’un objet dans lequel les adultes parlent de  lui.
  • Parfois, au primaire, un portfolio réunit des travaux représentatifs des acquisitions réalisées par l’enfant. L’évaluation de l’enseignant peut être accompagnée d’une autoévaluation par l’élève sur ses propres acquisitions.
  • Des entretiens individuels entre parents et enseignants favorisent une meilleure connaissance de ce que vit l’enfant à l’école et dans sa famille. Avoir une vision plus globale de l’enfant permet entre autres de s’adapter au mieux à ses besoins (principe de différenciation).
  • Les réunions de parents permettent de transmettre des informations sur le déroulement des activités scolaires et sont également des occasions de tisser des liens, entre parents et avec les enseignants, notamment à l’occasion de la verrée qui les clôt généralement.
  • Des activités d’accueil organisées en début d’année peuvent permettre de faire connaissance, que ce soit des lieux ou des personnes (voir le chapitre « Activités d’accueil »).
  • La participation des parents à l’ani-mation d’ateliers, à l’organisation d’événements festifs ou à des activités (p. ex. accompagnement lors de sorties) peut également être une forme enrichissante de coaching.
  • L’existence d’une association de parents d’élèves favorise les échanges entre enseignants et parents (d’une manière plus collective que lors d’entretiens individuels). Elle facilite aussi l’organisation de forum ou rencontres d’échanges entre l’ensemble des enseignants et des parents d’élèves d’un établissement scolaire.
  • L’existence d’espaces ouverts aux parents ou à la communauté dans l’école (p. ex. local accessible à la communauté en dehors des heures scolaires) favorise également ce climat de reconnaissance mutuelle.
  • Les activités parascolaires peuvent être partagées avec des membres de la communauté (p. ex. devoirs guidés ou apprentissage de la lecture avec des aînés).
  • Une action hors des murs scolaires peut également favoriser ce coaching: les enfants et leurs enseignants peuvent aller à la rencontre de la communauté, lors de l’organisation ou de la participation à une fête, une exposition, une présentation de théâtre ; ou encore par une contribution au nettoyage d’une rivière, d’une forêt, etc.

Outre ces occasions ponctuelles d’échanges, la collaboration entre l’école et les familles peut également se concrétiser par la mise en place d’un conseil d’école composé de représentants de la direction de l’école, d’enseignants, d’élèves et de parents. Une telle institution prend tout son sens si elle est en lien avec d’autres (les conseils de classe, le conseil des délégués de classe, le conseil des enseignants et l’association des parents). Le véritable défi réside dans le fait de favoriser une participation active et appropriée des parents, comme des élèves, dans la bonne marche de l’école.

 

Facteurs clés de succès

Il importe de disposer à la fois d’un cadre institutionnel et légal qui favorise la collaboration, d’occasions de se rencontrer et d’outils de communication adaptés. Il est essentiel également de développer :

  • un climat de confiance et de respect mutuel, indispensable à une réelle collaboration;
  • les objectifs de la collaboration ainsi que les rôles et domaines de compétences de chacun ; ceux-ci sont notamment définis par le cadre légal ;
  • la clarification des attentes mutuelles ;
  • la reconnaissance des compétences d’autrui, ce qui permet d’y faire appel et de mener des projets ensemble ;
  • une cohérence des discours entre les professionnels de l’école et les parents.

 

Risques et difficultés

On relèvera notamment :

  • la problématique du temps à disposition (p. ex. horaires professionnels incompatibles avec l’horaire scolaire, surcharge de travail) ;
  • le manque d’espaces d’échanges ;
  • une défiance réciproque (préjugés, suspicions, critiques) ;
  • les risques de confusion des rôles : interventions déplacées des parents sur le programme scolaire (intrusifs, pressions) ou des enseignants critiques sur le style d’éducation des parents.

 

En résumé

Les écarts que l’on observe parfois entre deux « mondes éducatifs » – l’école et la maison – peuvent être source de confusions, malentendus, tensions. Dans tous les cas, il s’agit de communiquer, de partager ou d’échanger, que ce soit des informations, du savoir, du temps ou du plaisir, pour mieux se connaître, prendre confiance et finalement permettre de répondre au mieux aux besoins des élèves. Dans une perspective plus large, la collaboration entre l’école et la famille favorise le développement d’un cadre cohérent pour l’enfant. La clarification des attentes mutuelles, des rôles et des domaines de compétences de chacun permet finalement de créer un contexte de sécurité indispensable pour promouvoir un réel partenariat éducatif.

 

Exemple : organisation d’une soirée de parents

Préparation :

Envoyer l’invitation suffisamment à l’avance permet aux parents de s’organiser pour pouvoir participer.

La manière dont la salle est arrangée aura un impact sur la réunion. Si les pupitres sont alignés face au bureau de l’enseignant, le message implicite est que la discussion se fera uniquement avec ce dernier. Si les chaises sont mises en rond, les échanges entre parents sont facilités.

Déroulement :

a)   accueil – présentations ;

b)   annoncer les thèmes prévus et demander si les participants ont d’autres souhaits ;

c)    présenter brièvement les thèmes choisis ;

d)   laisser une grande place aux questions et à la discussion.

L’attention que l’enseignant prête à la compréhension et à la participation de chacun peut se manifester à travers notamment le choix du vocabulaire (éviter le jargon ou inversement l’infantilisation), la place laissée aux questions, le temps de discussion proposé à l’assemblée.

 

Références

Archambault J. & Chouinard, R. (2004). Vers une gestion éducative de la classe. Gaetan Morin Cheneliere Education.

Périer, P. (2007). Des élèves en difficulté aux parents en difficulté : le partenariat école-familles en question. Tisser des liens pour apprendre, 90-107 : www.irev.fr/sites/www.irev.fr/files/pierre_perier_article.pdf.